Vendredi, 8 avril 2011 : Myakka River State Park.



Nous sommes arrivés vers 18h30 hier soir après avoir complètement traversé la Floride de l’est vers l’ouest. Pour ménager un peu notre monture, nous n’avons pris que des routes secondaires et ne l’avons pas regretté. C’est beaucoup mieux que l’endormante I-75 et ses poids lourds. Le centre de la Floride, c’est de grands pâturages pour les bovins et de vastes étendues d’orangeraies. Les seuls camions sont les grosses remorques remplies d’oranges que l’on transporte à l’usine de transformation la plus près.

L’accueil est tellement intense au terrain que cela nous confirme qu’il s’agit vraiment ici de notre style de camping. Tous les voisins veulent des renseignements sur Grisou et sont renversés en apprenant son âge et son millage. C’est aussi dans ce genre de camping que l’on noue connaissance avec des gens hors de l’ordinaire.

Notre voisine s’appelle Val. Elle est née en Égypte et est devenue une orpheline de guerre. Je crois qu’elle est juive car elle a résidé quelques temps en Israel avant d’être transférée vers l’Afrique du Sud où elle fut adoptée par des Anglais. Elle débarque aux USA à l’âge de 24 ans pour un voyage d’un an. Elle n’est jamais repartie.

Miakka River est le plus grand des State Park de la Floride. On y trouve la plus grande diversité animale et végétale de l’État. Les sentiers pédestres y abondent, 38,9 miles, ainsi que les sentiers pour bicyclettes. Les cyclistes comme moi se contentent de rouler sur l’asphalte ce qui est aussi très bien.

Sauterelle arboricole.
C’est d’ailleurs ainsi que j’ai débuté ma journée. Le réveil s’est fait uniquement vers 09h40. Il faut croire que nous avions du sommeil à rattraper. Vite, un petit café puis on enfile le ti-Kit du parfait cycliste et on part explorer pendant que Sylvie fera sa toilette.










J’ai eu la chance, euh, enfin, j’ignore si c’est une chance ou non, d’apercevoir ma première Bicyclette Fantôme (Ghost Bike). Elles sont l’équivalent de ces petites croix que l’on voit sur le bord des routes pour signaler où des personnes ont perdu la vie dans des accidents d’automobile. Dans ce cas, c’est un cycliste qui est décédé un dimanche de Pâques des années 1990 frappé par un conducteur ivre. Un chassis de bicyclette peint en blanc est accroché avec une notice rappelant aux conducteurs de laisser un espace de 4 pieds aux cyclistes. Belle initiative.

Une autre journée qui s’annonce assez collante. Sylvie me rejoint et nous montons faire quelques sentiers.

Le Canopy Walk mène à deux tours d’observation en bois. La première d’une hauteur de 40 pieds permet de prendre pied sur une passerelle menant à la seconde tour haute de 70 pieds. De la passerelle, vous pouvez observer ce qui se passe dans la cime des arbres tandis que du haut de la deuxième tour, vous surplombez toute la végétation.Une fois au sommet, un brouhaha nous parvient. Ce sont deux autobus scolaires qui viennent de déverser leur flot d’écoliers qui prennent déjà la première tour d’assaut. Il est temps de battre en retraite.




Sur le sentier du retour, un joli reptile coupe notre route. Serpent ou couleuvre ?? A vous de nous donner la réponse. Quand à moi, j’opte pour couleuvre.

La route est souvent bordé de marécage tous assez odorants. Ca sent le d’sous d’bras de Swampy qui était, les plus vieux s’en rappelleront, l’ami Floridien de Gumby et Pocky.

La balade nous mène ensuite aux concessions du parc où il est possible de louer un canot ou un kayak question d’aller piquer une jasette personnelle avec les alligators du Park. Il y en a entre 6 et 700 tous plus longs les uns que les autres. Il faut comprendre que, contrairement à la Louisianne, la Floride en interdit la chasse donc, ils vivent plus vieux et grandissent en taille tandis que leur cerveau demeure de la taille d’une noix de grenoble.

Nous embarquons à bord du plus grand air-boat au monde d’une capacité de 75 personnes. Au prix de $12,00 par tête, c’est plus qu’abordable pour tout le monde et certainement rentable pour l’entreprise qui en exploite deux sur le Lac Miakka. Le bateau est propulsé par une énorme hélice couplée à un formidable moteur de  454 pouces cubes provenant d’un vénérable Cadillac Eldorado 1975. Étonnament, le tout est relativement peu bruyant ce qui est bien car il s’agit d’un tour commenté.


Rien de vraiment extraordinaire sauf si vous n’avez jamais vu d’alligators de votre vie. C’est peut- être le plus grand air boat mais c’est aussi le plus lent. On fait le tour du lac en passant d’un alligator à un autre et on tartine avec un peu d’histoire locale.

Le niveau du lac est essentiellement tributaire des chutes de pluie de la région. Il y a 8 ans, tout le secteur était sous 15 pieds d’eau, bâtiments inclus. Il y a quelques années , le niveau du lac n’était plus que de 16 pouces et les opérations des bateaux furent interrompus pendant 2 mois.

L’an dernier, une vague de froid s’est maintenue sur la Floride. C’est d’ailleurs pourquoi nos amis sont maintenant établis dans la région d’Hollywood. Pendant cette période, l’eau du Lac Myakka a atteint 50 degrés Fahrenheit alors que la normale est de plus de 75. Il y a alors eu une hécatombe au niveau de certaines espèces de poissons. Des milliers et des milliers de carcasses de poissons jonchaient les berges du Lac. Heureusement, les vautours étaient là pour effectuer le ménage sauf que, après quelques jours, les Rangers se sont rendus compte que les vautours ne volaient plus et qu’ils semblaient être à l’agonie. Les Rangers pouvaient les approcher et même les pousser du pied sans réaction aucune des volatiles. On soupçonna immédiatement un empoissonnement dû aux poissons et l’on fit venir rapidement des biologistes pour identifier le problème.

ET ILS ONT TROUVÉ : Les charognards étaient finalement en parfaite santé mais avaient l’estomac tellement plein qu’il leur étaient impossible de voler et même de bouger. Il fallu simplement attendre que la digestion se fasse.

Une autre attraction est ce pêcheur au filet. Le Tilapia bleu est l’un des poissons les plus savoureux du coin parait-il. Selon Hélène, notre fille, il a plutôt un goût terreux ce qui est fort possible car le Tilapia est un poisson de vase. Quoiqu’il en soit, notre pêcheur travaille au filet et ramène au moins un poisson par lancer. Au moment de notre passage, il en est à environ 80 prises qui serviront à nourrir sa famille. Grosse famille!

Juste avant souper, nous retournons arpenter quelques sentiers car c’est l’heure pour voir les petites bêtes : Nous serons servis!


Sauve qui peut........
Nous reprenons le Canopy Walk puis la Nature Trail qui y débute. Nous marchons silencieusement lorsque le Pierrôt arrive sur les talons d’un gros chat. C’est notre premier Bobcat et il est extrêmement rare d’en voir un et surtout de le suivre à 10 pieds de distance. Cela ne dure que quelques secondes et le Lynx bifurque dans la forêt sans même s’être rendu compte de notre présence, un moment magique. MAIS, voilà que ça bouge en grand juste là où le gros chat est entré, serait-ce lui qui revient ?. Je fais signe à Sylvie de reculer car j’ai un peu peur de la réaction du félin en nous voyant. Mais non, ce sont 3 ratons laveurs qui déboulent dans le sentier et se dirigent vers les deux statues de sel que nous sommes. Ce n’est que rendus à 3 pieds de nous qu’ils prennent enfin conscience que quelque chose cloche. Ils se dressent tous sur les pattes de derrière, on dirait les 3 Scrooges !
Ø  Mais qu’est-ce que c’est ?????
Ø  Je sais pas mais c’était pas dans le sentier hier !
Ø  Ciel, des humains, sauve-qui-peut !
Et ce fut la débandade complète. La fuite en Egypte.

Nous reprenons le sentier et retournons aux tours d’observation. On nous avait fait espérer voir des dindes sauvages sur le trajet mais ce fut plutôt 3 dindes du Michigan qui se trouvent tout en haut de la plus haute tour à se photographier et à se faire des peurs de fifilles en attendant que le soleil tombe. Misère, il faut de tout pour faire un monde.

Le soleil couché, il reste à revenir au terrain mais les petites bêtes se multiplient sur notre passage avec la famille chevreuil au grand complet puis le troupeau entier de cochons sauvages comptant au moins 3 grosses mamans et une vingtaine de petits. A part le Bobcat, on a tout photographié.

Les cochons/sangliers du Park sont une telle calamité qu’un trappeur s’occupe de les capturer pour en vendre la viande. Le cheptel est évalué à plus de 4000 individus. Le trappeur doit en capturer un minimum de 600 par année pour renouveler son contrat mais son année record est de plus de 2000 captures. C’est bon en cochon !
Gronk, gronk !!!


Petit film sur les cochons 
Autre petit film cochon 

Autres nouvelles : Le Tracfone ne fonctionne pas dans cette région. Sans doute que le réseau auquel il est affilié ne dessert pas cette région. Une toute petite barre apparait parfois au signal et cela nous a permis d’entendre le message d’Hélène. Le voyage s’est très bien déroulé. A 18h40, elle quittait Plattsburg pour la maison. Elle a déposé Joshua dans son lit et il a ouvert les yeux. Il a bien inspecté tout autour, s’est reconnu puis s’est rendormi en s’imaginant sans doute avoir rêvé pendant toute une semaine.

Le plus drôle est que, 24 heures après avoir quitté la Floride, notre Hélène se retrouve assise à la cabane à sucre !

1 commentaire:

Si vous nous laissez un commentaire, revenez voir dans 1 ou 2 jours, on vous aura probablement répondu. Mieux encore, cochez la case en bas à droite pour être avisé d'une réponse.